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Le jeune homme s’élança vers elle ; mais, d’un geste impérieux de la main, elle l’arrêta.

— Écoutez, lui dit-elle, quoique jeune, ou plutôt parce que vous êtes jeune, vous devez avoir des sentiments d’humanité. Ne vous opposez pas à mon départ. Je fuis un homme que j’aime, mais avant toute chose je suis Romaine et bonne catholique. Or, cet homme perdrait mon âme si je restais plus longtemps avec lui ; c’est un athée et un nécromancien, que Dieu vient d’avertir par la voix de son tonnerre. Puisse-t-il profiter de l’avertissement ! Dites-lui ce que je viens de vous dire et soyez béni pour l’aide que vous m’avez donnée. Adieu !

Et, à ce mot, légère comme ces vapeurs qui flottent au-dessus des marais, elle s’éloigna et disparut, emportée par le galop de Djérid.

Le jeune homme, en la voyant fuir, ne put retenir un cri de surprise et d’étonnement.

C’était ce cri qui avait retenti jusque dans l’intérieur de la voiture, et qui avait donné l’éveil au voyageur.


IV

GILBERT.


C’était ce cri avons-nous dit, qui avait donné l’éveil au voyageur.

Il sortit précipitamment de la caisse, qu’il referma avec soin, et jeta avec inquiétude les yeux autour de lui.

La première chose qu’il aperçut fut le jeune homme debout et effaré. Un éclair qui apparut en même temps lui permit de l’examiner des pieds à la tête, examen qui paraissait être habituel au voyageur lorsqu’un personnage nouveau ou une chose nouvelle frappait son regard.

C’était un enfant de seize à dix-sept ans à peine, petit, maigre et nerveux ; ses yeux noirs, qu’il fixait hardiment sur