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au teint brun, mais de ce brun mat plus riche et plus beau que le ton le plus rose et le plus incarnat. Ses beaux yeux bleus levés au ciel, qu’elle semblait interroger, brillaient comme deux étoiles, et ses cheveux noirs, qu’elle gardait sans poudre malgré la mode du temps, retombaient en boucles de jais sur son cou nuancé comme l’opale.

Tout à coup elle parut avoir pris sa résolution.

— Monsieur, dit-elle, où sommes-nous ici ?

— Sur la route de Strasbourg à Paris, madame.

— Et sur quel point de la route ?

— À deux lieues de Pierrefitte.

— Qu’est-ce que cela, Pierrefitte ?

— C’est un bourg.

— Et après Pierrefitte, que rencontre-t-on ?

— Bar-le-Duc.

— C’est une ville ?

— Oui, madame.

— Populeuse ?

— Quatre ou cinq mille âmes, je crois.

— Y a-t-il d’ici quelque route de traverse qui aille plus directement que la grand-route à Bar-le-Duc ?

— Non, madame, ou du moins je n’en connais pas.

Peccato ![1] murmura-t-elle tout bas et en se rejetant dans le cabriolet.

Le jeune homme attendit un instant pour voir si la jeune femme l’interrogerait encore ; mais, voyant qu’elle gardait le silence, il fit quelques pas pour s’éloigner. Ce mouvement la tira de sa rêverie, à ce qu’il paraît, car elle se rejeta avec vivacité sur le devant du cabriolet.

— Monsieur ! dit-elle.

Le jeune homme se retourna.

— Me voici, madame, fit-il en s’approchant.

— Encore une question, s’il vous plaît.

— Faites.

— Il y avait un cheval attaché à l’arrière de la voiture ?

— Oui, madame.

— Y est-il toujours ?

  1. Dommage.