comme nous l’avons dit, de quatre chevaux et de deux postillons, était suivie d’un seul cheval retenu à l’arrière par une longe. Ce cheval qui offrait, grâce à sa tête petite et busquée, à ses jambes grêles, à sa poitrine étroite, sa crinière épaisse et à sa queue flamboyante, les signes caractéristiques de la race arabe, était tout sellé ; ce qui indiquait que parfois quelqu’un des voyageurs mystérieux enfermés dans cette arche de Noé se donnait le plaisir de la cavalcade, et galopait à côté de la voiture à laquelle une pareille allure semblait irrévocablement interdite.
À Pont-à-Mousson, le postillon du relais précédent avait reçu, avec le prix de sa poste, doubles guides d’une main blanche et musculeuse, qui s’était glissée entre les deux rideaux de cuir qui fermaient la partie antérieure du cabriolet presque aussi hermétiquement que les rideaux de mousseline fermaient la partie antérieure de la caisse.
Le postillon émerveillé avait, en ôtant vivement son chapeau, dit : Merci, monseigneur. Et une voix sonore avait répondu en allemand, langue qu’on entend encore si on ne la parle plus dans les environs de Nancy :
— Schnell ! schneller !
Ce qui, traduit en français, voulait dire :
— Vite, plus vite !
Les postillons entendent à peu près toutes les langues, quand on accompagne les paroles qu’on leur adresse d’une certaine musique métallique, dont cette race, — la chose est parfaitement connue des voyageurs, — dont cette race, disons-nous, est particulièrement friande ; aussi les deux nouveaux postillons firent-ils tout ce qu’ils purent pour partir au galop, et ce ne fut qu’après des efforts qui faisaient plus d’honneur à la vigueur de leurs bras qu’à celle des jarrets de leurs chevaux qu’ils purent enfin consentir, de guerre lasse, à se restreindre à un trot fort convenable, puisqu’il permettait évidemment de faire deux lieues et demie ou trois lieues à l’heure.
Vers sept heures on relayait à Saint-Mihiel ; la même main passait à travers les rideaux le payement de la poste franchie,