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XXVI

LA COUR DU ROI PÉTAUD.


Louis XV recula d’un pas à l’aspect inattendu du nouvel acteur qui venait se mêler à la scène pour empêcher sa sortie.

— Ah ! par ma foi ! pensa-t-il, j’avais oublié celui-là, qu’il soit le bienvenu ; il va payer pour les autres. Ah ! vous voilà ! s’écria-t-il. Je vous avais mandé, vous savez cela ?

— Oui, sire, répondit froidement le ministre, et je m’habillais pour me rendre près de Votre Majesté lorsque l’ordre m’est parvenu.

— Bien. J’ai à vous entretenir d’affaires sérieuses, commença Louis XV en fronçant le sourcil, afin, s’il était possible, d’intimider son ministre.

Malheureusement pour le roi, M. de Choiseul était un des hommes les moins intimidables du royaume.

— Et moi aussi, s’il plaît à Votre Majesté, répondit-il en s’inclinant, d’affaires très sérieuses.

En même temps il échangeait un regard avec le dauphin, à moitié caché derrière sa pendule.

Le roi s’arrêta court.

— Ah ! bon ! pensa-t-il, de ce côté aussi ! me voilà pris dans le triangle, impossible d’échapper maintenant. Vous devez savoir, se hâta de dire le roi, afin de porter la première botte à son antagoniste, que le pauvre vicomte Jean a failli être assassiné.

— C’est-à-dire qu’il a reçu un coup d’épée dans l’avant-bras. Je venais parler de cet événement à Votre Majesté.

— Oui, je comprends, vous préveniez le bruit ?