Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée

regardes-tu ainsi ? Voyons, ajouta-t-il d’un ton ferme, et qui parut menaçant au dauphin, t’amuserais-tu, par hasard, à étudier mes traits comme le ressort de tes mécaniques ?

Le dauphin, qui ouvrait la bouche pour parler, se tut soudainement à cette apostrophe.

— Eh bien ! fit le roi avec vivacité, il me semble que tu n’as plus rien à dire, hein ?… Tu es content, n’est-ce pas ?… Ta dauphine arrive, son service se fait à merveille, tu es riche comme Crésus, de ta cassette particulière ; c’est au mieux. Maintenant donc que rien ne t’inquiète plus, fais-moi le plaisir de me remonter ma pendule.

Le dauphin ne remua point.

— Sais-tu, dit Louis XV en riant, que j’ai envie de te donner l’emploi de premier horloger du château, avec un traitement, bien entendu.

Le dauphin baissa la tête, et, intimidé par le regard du roi, il reprit sur le fauteuil le grattoir et la roue.

Louis XV, pendant ce temps, gagnait tout doucement la porte.

— Que diable voulait-il dire avec son service mal fait ? pensait le roi tout en le regardant. Allons, allons, voilà encore une scène esquivée ; il est mécontent.

En effet, le dauphin, si patient d’ordinaire, frappait du pied le parquet.

— Cela se gâte, murmura Louis XV en riant, décidément je n’ai que le temps de fuir.

Mais tout à coup, comme il ouvrait la porte, il trouva sur le seuil M. de Choiseul profondément incliné.