— Ah ! je ne veux pas vous brouiller avec vos amis, comtesse.
— Alors, la guerre.
— La guerre ! comme vous dites cela !
— Je le dis comme je le pense. Allez-vous-en, je ne veux plus vous voir.
— Ah ! cette fois, je vous prends à témoin. Puis-je livrer un secret… d’État ?
— Un secret d’alcôve.
— C’est ce que je voulais dire : l’État est là aujourd’hui.
— Je veux mon espion.
— Qu’en ferez-vous ?
— Je le chasserai.
— Faites maison nette alors.
— Savez-vous que c’est effrayant ce que vous dites là ?
— C’est vrai surtout. Eh ! mon Dieu ! il n’y aurait pas moyen de gouverner sans cela, voua le savez bien, vous qui êtes si excellente politique.
Madame du Barry appuya son coude sur une table de laque.
— Vous avez raison, dit-elle, laissons cela. Les conditions du traité ?
— Faites-les, vous êtes le vainqueur.
— Je suis magnanime comme Sémiramis. Que voulez-vous ?
— Vous ne parlerez jamais au roi des réclamations sur les farines, réclamations auxquelles, traîtresse, vous avez promis votre appui.
— C’est dit ; emportez tous les placets que j’ai reçus à ce sujet : ils sont dans ce coffre.
— Recevez en échange ce travail des pairs du royaume sur la présentation et les tabourets.
— Travail que vous étiez chargé de remettre à Sa Majesté…
— Sans doute.
— Comme si vous l’aviez fait faire ?
— Oui.
— Bien ; mais que direz-vous ?
— Je dirai que je l’ai remis. Cela fera gagner du temps, et vous êtes trop habile tacticienne pour ne pas en profiter.