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deux pantoufles dont une seule eût pu enrichir un bûcheron de la forêt natale de Jeanne, si ce bûcheron l’eût trouvée.

Tandis que la séduisante statue se redressait, se faisait de plus en plus vivante, on lui jetait sur les épaules un magnifique surtout de dentelles de Malines ; puis on passait à ses pieds potelés, sortis un instant de ses mules, des bas de soie rose d’un tissu si fin, qu’on n’eût pas su les distinguer de la peau qu’ils venaient de recouvrir.

— Pas de nouvelles de Chon ? demanda-t-elle tout d’abord à sa camériste.

— Non, madame, répondit celle-ci.

— Ni du vicomte Jean ?

— Non plus.

— Sait-on si Bischi en a reçu ?

— On est passé ce matin chez la sœur de madame la comtesse.

— Et pas de lettres ?

— Pas de lettres, non, madame.

— Ah ! que c’est fatigant d’attendre ainsi, dit la comtesse avec une moue charmante : n’inventera-t-on jamais un moyen de correspondre à cent lieues en un instant ? Ah ! ma foi ! je plains ceux qui me tomberont sous la main ce matin ! Ai-je une antichambre passablement garnie ?

— Madame la comtesse le demande ?

— Dame ! écoutez donc, Dorée, la dauphine approche, et il n’y aurait rien d’étonnant qu’on me quittât pour ce soleil. Moi je ne suis qu’une pauvre petite étoile. Qu’avons-nous, voyons ?

— Mais M. d’Aiguillon, M. le prince de Soubise, M. de Sartines, M. le président Maupeou.

— Et M. le duc de Richelieu ?

— Il n’a pas encore paru.

— Ni aujourd’hui ni hier ! Quand je vous le disais, Dorée. Il craint de se compromettre. Vous enverrez mon coureur à l’hôtel de Hanovre, savoir si le duc est malade.

— Oui, madame la comtesse. Madame la comtesse recevra-t-elle tout le monde à la fois, ou donnera-t-elle audience particulière ?