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de vous le dire, vous faites là un triste service, mon officier, et si c’est comme cela que la jeune dame commence à traiter l’armée…

— De qui parlez-vous en ces termes ? interrompit Philippe.

— Eh ! parbleu ! de l’Autrichienne.

Le jeune homme devint pâle comme sa cravate.

— Vous osez dire, monsieur ?… s’écria-t-il.

— Non seulement j’ose dire, mais encore j’ose faire, continua Jean. Allons, Patrice, attelons, mon ami, et dépêchons-nous, car je suis pressé.

Philippe saisit le premier cheval par la bride.

— Monsieur, dit Philippe de Taverney de sa voix calme, vous allez me faire le plaisir de me dire qui vous êtes, n’est-ce pas ?

— Vous y tenez ?

— J’y tiens.

— Eh bien ! je suis le vicomte Jean Dubarry.

— Comment ! vous êtes le frère de celle…

— Qui vous fera pourrir à la Bastille, mon officier, si vous ajoutez un seul mot.

Et le vicomte s’élança dans la voiture.

Philippe s’approcha de la portière.

— Monsieur le vicomte Jean Dubarry, dit-il, vous allez me faire l’honneur de descendre, n’est-ce pas ?

— Ah ! par exemple, j’ai bien le temps, dit le vicomte, en essayant de tirer à lui le panneau ouvert.

— Si vous hésitez une seconde, monsieur, reprit Philippe, en empêchant avec sa main gauche le panneau de se refermer, je vous donne ma parole d’honneur que je vous passe mon épée au travers du corps.

Et de sa main droite, restée libre, il tira son épée.

— Ah ! par exemple ! s’écria Chon ; mais c’est un assassinat ! Renoncez à ces chevaux, Jean, renoncez.

— Ah ! vous me menacez ! grinça le vicomte exaspéré en saisissant à son tour son épée, qu’il avait posée sur la banquette de devant.

— Et la menace sera suivie d’effet, si vous tardez une seconde,