Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée

Majesté, une collection de la Gazette, et certaines correspondances formaient la portion la plus volumineuse de son avoir. Comme Bias, il portait tout cela sous un bras.

La Brie avait l’air de suer en marchant, courbé sous une malle à peu près vide.

On retrouva dans l’avenue monsieur l’exempt qui, pendant tous ces préparatifs, avait vidé sa bouteille jusqu’à la dernière goutte.

Le galant avait remarqué la taille si fine, la jambe si ronde de Nicole, et ne cessait de rôder de la pièce d’eau aux marronniers pour revoir celte charmante coureuse, aussi vite disparue qu’entrevue sous les massifs.

M. de Beausire, ainsi avons-nous déjà dit qu’on l’appelait, fut tiré de sa contemplation par l’invitation que lui fit le baron d’appeler la voiture. Il fit un soubresaut, salua M. de Taverney, et commanda d’une voix sonore au cocher d’entrer dans l’avenue.

Le carrosse entra. La Brie déposa la malle sur ses ressorts avec un indicible mélange de joie et d’orgueil.

— Je vais donc monter dans les carrosses du roi, murmura-t-il, emporté par son enthousiasme, et croyant être seul.

— Derrière, mon bel ami, répliqua Beausire avec un sourire protecteur.

— Quoi ! vous emmenez La Brie, monsieur, dit Andrée au baron ; et qui gardera Taverney ?

— Pardieu ! ce fainéant de philosophe !

— Gilbert ?

— Sans doute, n’a-t-il pas un fusil ?

— Mais avec quoi se nourrira-t-il ?

— Avec son fusil, pardieu ! et il fera bonne chère ; soyez tranquille, les grives et les merles ne manquent point à Taverney.

Andrée regarda Nicole, celle-ci se mit à rire.

— Voilà comme tu le plains ! méchant cœur, dit Andrée.

— Oh ! il est fort adroit, mademoiselle, riposta Nicole, et, soyez tranquille, il ne se laissera pas mourir de faim.

— Il faut lui laisser un ou deux louis, monsieur, dit Andrée au baron.