Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

ayant fini, comme toutes les natures d’élite, par laisser venir à la surface le fond généreux de son âme.

Gilbert ferma tranquillement sa fenêtre et rentra dans sa cabane, où il reprit cette mystérieuse occupation interrompue par l’arrivée de Nicole.


XVIII

ADIEUX A TAVERNEY.


Nicole, avant de rentrer près de sa maîtresse, s’arrêta sur l’escalier pour comprimer les derniers cris de la colère qui grondait en elle.

Le baron la rencontra immobile, pensive, le menton dans sa main et les sourcils contractés ; et, tout occupé qu’il Fut, la voyant si jolie, il l’embrassa, comme l’eût fait monsieur de Richelieu à trente ans.

Nicole, tirée de sa rêverie par cette gaillardise du baron, remonta précipitamment chez Andrée, qui achevait de fermer un coffret.

— Eh bien ! dit mademoiselle de Taverney, ces réflexions ?

— Elles sont faites, Mademoiselle, répondit Nicole avec un air des plus délibérés.

— Tu te maries ?

— Non pas, au contraire.

— Ah bah ! et ce grand amour ?

— Ne me vaudra jamais ce que me vaudront les bontés dont mademoiselle me comble à toute heure. J’appartiens à Mademoiselle et lui veux appartenir toujours. Je connais la maîtresse que je me suis donnée, connaîtrais-je aussi bien le maître que je me donnerais ?

Andrée fut touchée de cette manifestation de sentiments, qu’elle était loin de croire trouver chez l’étourdie Nicole. Il va