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— Vous tenez donc toujours à vous marier ? dit Gilbert impassible.

— Oui, surtout depuis que je suis riche, répéta Nicole.

— Ah ! vous êtes riche ? demanda Gilbert avec un flegme qui dérouta les soupçons de Nicole.

— Très riche, Gilbert.

— Vraiment ?

— Oui.

— Et comment ce miracle s’est-il fait ?

— Mademoiselle m’a dotée.

— C’est un grand bonheur, et je vous en félicite, Nicole.

— Tenez, dit la jeune fille en faisant ruisseler dans sa main les vingt-cinq louis.

Et ce disant, elle regardait Gilbert pour saisir dans ses yeux un rayon de joie ou tout au moins de convoitise.

Gilbert ne sourcilla point.

— Par ma foi, dit-il, c’est une belle somme.

— Ce n’est pas le tout, continua Nicole, monsieur le baron va devenir riche. On songe à rebâtir Maison-Rouge et à embellir Taverney.

— Je le crois bien.

— Et alors le château aura besoin d’être gardé.

— Sans doute.

— Eh bien ! mademoiselle donne la place de…

— De concierge à l’heureux époux de Nicole, continua Gilbert avec une ironie qui ne fut point assez dissimulée cette fois pour que ne s’en effarouchât pas la fine oreille de Nicole.

Elle se contint cependant.

— L’heureux époux de Nicole, reprit-elle, n’est-ce point quelqu’un que vous connaissez, Gilbert ?

— De qui voulez-vous parler, Nicole ?

— Voyons… est-ce que vous devenez imbécile, ou est-ce que je ne parle pas français ? s’écria la jeune fille qui commençait à s’impatienter à ce jeu.

— Je vous entends à merveille, dit Gilbert ; vous m’offrez d’être votre mari, n’est-ce-pas, mademoiselle Legay ?

— Oui, monsieur Gilbert.