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Nicole, sensible à cette première démonstration de Gilbert, lui tendit la main ; Gilbert la serra.

— Voilà qui va bien, pensa-t-elle, adieu le voyage de Paris.

Et c’est ici qu’il faut louer sincèrement Nicole qui n’accompagna cette réflexion que d’un seul soupir.

— Vous savez, dit la jeune fille en s’accoudant sur la fenêtre, vous savez, Gilbert, que l’on quitte Taverney.

— Je le sais, répondit Gilbert.

— Vous savez où l’on va.

— L’on va à Paris.

— Et vous savez encore que je suis du voyage !

— Non, je ne le savais pas.

— Eh bien ?

— Eh bien ! je vous en félicite, si la chose vous plaît.

— Comment avez-vous dit cela ? demanda Nicole.

— J’ai dit : si la chose vous plaît ; c’est clair, ce me semble.

— Elle me plaît… c’est selon, reprit Nicole.

— Que voulez-vous dire, à votre tour ?

— Je veux dire qu’il dépendrait de vous que la chose ne me plût pas.

— Je ne comprends pas, dit Gilbert en s’asseyant sur la fenêtre de telle façon que ses genoux effleuraient les bras de Nicole, et que tous deux pouvaient continuer leur conversation, à moitié cachés par les lianes de liserons et de capucines enroulées au-dessus de leurs têtes.

Nicole regarda tendrement Gilbert.

Mais Gilbert fit un signe du cou et des épaules qui voulait dire qu’il ne comprenait pas plus le regard que les paroles.

— C’est bien… Puisqu’il faut tout vous dire, écoutez-donc, reprit Nicole.

— J’écoute, dit froidement Gilbert.

— Mademoiselle m’offre de la suivre à Paris.

— Bon, dit Gilbert.

— À moins que…

— À moins que ?… répéta le jeune homme.

— À moins que je ne trouve à me marier ici.