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— La mort.

Les trois cents fantômes répétèrent :

— La mort !

Au même instant le condamné, malgré des efforts surhumains, fut entraîné dans les profondeurs de la salle : le voyageur le vit se débattre et se tordre aux mains de ses bourreaux ; il entendit sa voix sifflant à travers l’obstacle du bâillon. Un poignard étincela, reflétant comme un éclair la lueur des lampes, puis on entendit frapper un coup mat, et le bruit d’un corps tombant lourdement sur le sol retentit sourd et funèbre.

— Justice est faite, dit l’inconnu en se retournant vers le cercle effrayant, dont les regards avides avaient, à travers leurs suaires, dévoré ce spectacle.

— Ainsi, dit le président, tu approuves l’exécution qui vient d’avoir lieu ?

— Oui, si celui qui vient d’être frappé fut véritablement coupable.

— Et tu boirais à la mort de tout homme qui, comme lui, trahirait les secrets de l’association sainte ?

— J’y boirais.

— Quelle que fût la boisson ?

— Quelle qu’elle fût.

— Apportez la coupe, dit le président.

L’un des deux bourreaux s’approcha alors du récipiendaire et lui présenta une liqueur rouge et tiède dans un crâne humain monté sur un pied de bronze.

L’inconnu prit la coupe des mains du bourreau, et la levant au-dessus de sa tête :

— Je bois, dit-il, à la mort de tout homme qui trahira les secrets de l’association sainte.

Puis abaissant la coupe à la hauteur de ses lèvres, il la vida jusqu’à la dernière goutte et la rendit froidement à celui qui la lui avait présentée.

Un murmure d’étonnement courut par l’assemblée, et les fantômes semblèrent se regarder entre eux à travers leurs linceuls.

— C’est bien, dit le président. Le pistolet !

Un fantôme s’approcha du président, tenant et une main un