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XVII

LES VINGT-CINQ LOUIS DE NICOLE.


Cependant, de retour dans sa chambre, Andrée activait les préparatifs de son départ. Nicole aida à ces préparatifs avec une ardeur qui dissipa promptement le nuage qui s’était élevé entre elle et sa maîtresse à l’occasion de la scène du matin.

Andrée la regardait faire du coin de l’œil, et souriait en voyant qu’elle n’aurait pas même besoin de pardonner.

— C’est une bonne fille, se disait-elle tout bas, dévouée, reconnaissante ; elle a ses faiblesses comme ici-bas toute créature. Oublions !

Nicole de son côté n’était pas fille à avoir perdu de vue la physionomie de sa maîtresse, et elle remarquait la bienveillance croissante qui se peignait sur son beau et calme visage.

— Sotte que je suis, pensa-t-elle, j’ai failli me brouiller, pour ce petit coquin de Gilbert, avec mademoiselle qui m’emmène à Paris, où l’on fait presque toujours fortune.

Il était difficile que sur cette pente rapide deux sympathies roulant l’une vers l’autre ne se rencontrassent point, et, en se rencontrant, ne se missent point en contact.

Andrée donna la première réplique.

— Mettez mes dentelles dans un carton, dit-elle.

— Dans quel carton, mademoiselle ? demanda la chambrière.

— Mais que sais-je ! N’en avons-nous point ?

— Si fait, j’ai celui que mademoiselle m’a donné, et qui est dans ma chambre.

Et Nicole courut chercher le carton avec une prévenance qui acheva de déterminer Andrée à oublier tout à fait.

— Mais c’est à toi ce carton, dit-elle en voyant reparaître Nicole, et tu peux en avoir besoin, pauvre enfant.