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Il fut impossible, malgré la menace que contenaient ces dernières lignes, de surprendre aucune émotion sur le visage de l’inconnu, qui prononça la fin du serment et l’invocation qui le suivit avec un accent aussi calme qu’il en avait prononcé le commencement.

— Et maintenant, continua le président, ceignez le front du récipiendaire avec la bandelette sacrée.

Deux fantômes s’approchèrent de l’inconnu, qui inclina la tête : l’un d’eux lui appliqua sur le front un ruban aurore chargé de caractères argentés, entremêlés de la figure de Notre Dame de Lorette, l’autre en noua derrière lui les deux bouts à la naissance du col.

Puis ils s’écartèrent, en laissant de nouveau l’inconnu seul.

— Que demandes-tu ? lui dit le président.

— Trois choses, répondit le récipiendaire.

— Lesquelles ?

— La main de fer, le glaive de feu, les balances de diamant.

— Pourquoi désires-tu la main de fer ?

— Pour étouffer la tyrannie.

— Pourquoi désires-tu le glaive de feu ?

— Pour chasser l’impur de la terre.

— Pourquoi désires-tu les balances de diamant ?

— Pour peser les destins de l’humanité.

— Es-tu préparé pour les épreuves ?

— Le fort est préparé à tout.

— Les épreuves ! les épreuves ! s’écrièrent plusieurs voix.

— Retourne-toi, dit le président.

L’inconnu obéit et se trouva en face d’un homme pâle comme la mort, garrotté et bâillonné.

— Que vois-tu ? demanda le président.

— Un criminel ou une victime.

— C’est un traître qui, après avoir fait le serment que tu as fait, a révélé le secret de l’ordre.

— C’est un criminel alors.

— Oui. Quel châtiment a-t-il encouru ?