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XVI

LE BARON DE TAVERNEY CROIT ENFIN ENTREVOIR UN PETIT COIN DE L’AVENIR.


Le premier qui s’aperçut de l’évanouissement de madame la dauphine fut, comme nous l’avons dit, le baron de Taverney, il se tenait à l’affût, plus inquiet que personne de ce qui allait se passer entre elle et le sorcier. Il avait entendu le cri que Son Altesse Royale avait poussé, il avait vu Balsamo s’élancer hors du massif, il était accouru.

Le premier mot de la dauphine avait été pour qu’on lui montrât la carafe, le second pour qu’on ne fÎt aucun mal au sorcier. Il était temps que cette recommandation fut faite : Philippe de Taverney bondissait déjà sur sa trace comme un lion irrité, quand la voix de la dauphine l’arrêta.

Alors sa dame d’honneur s’approcha d’elle à son tour, et l’interrogea en allemand ; cependant à toutes ses questions elle ne répondit rien, sinon que Balsamo ne lui avait aucunement manqué de respect ; mais que, fatiguée probablement par la longueur de la route et l’orage de la veille, elle avait été surprise par un accès de fièvre nerveuse.

Ces réponses furent traduites à M. de Rohan, qui attendait des explications, mais sans oser en demander.

À la cour on se contente d’une demi-réponse ; celle de la dauphine ne satisfit point, mais parut satisfaire tout le monde. En conséquence Philippe s’approcha d’elle.

— Madame, dit-il, c’est pour obéir aux ordres de Son Altesse Royale que je viens, à mon grand regret, lui rappeler que la demi-heure pendant laquelle elle comptait s’arrêter ici est écoulée, et que les chevaux sont prêts.

— Bien, monsieur, dit-elle avec un geste charmant de nonchalance