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— Dans la chambre rouge, murmura-t-elle.

— Avec qui ?

— Avec vous, continua-t-elle en tressaillant.

— Qu’avez-vous ?

— J’ai peur ! j’ai honte !

— De quoi ? Ne sommes-nous pas sympathiquement unis ?

— Si fait.

— Ne savez-vous pas que je ne vous fais venir qu’avec des intentions pures ?

— Ah ! oui, c’est vrai, dit-elle.

— Et que je vous respecte à l’égal d’une sœur ?

— Oui, je le sais.

Et sa figure se rasséréna, puis se troubla de nouveau.

— Vous ne me dites pas tout, continua Balsamo. Vous ne me pardonnez pas entièrement.

— C’est que je vois que, si vous ne me voulez point de mal à moi, vous en voulez peut-être à d’autres.

— C’est possible, murmura Balsamo ; mais ne vous occupez point de cela, ajouta-t-il avec le ton du commandement.

Andrée reprit son visage habituel.

— Tout le monde dort-il dans la maison ?

— Je ne sais pas, dit-elle.

— Alors regardez.

— De quel côté voulez-vous que je regarde ?

— Voyons. Du côté de votre père d’abord. Où est-il ?

— Dans sa chambre.

— Que fait-il ?

— Il est couché.

— Dort-il ?

— Non, il lit.

— Que lit-il ?

— Un de ces mauvais livres qu’il veut toujours me faire lire.

— Et que vous ne lisez pas ?

La figure d’Andrée exprima un superbe dédain.

— Non, dit-elle.

— Bien. Nous sommes donc tranquilles de ce côté. Regardez du côté de Nicole, dans sa chambre.