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saurait se concevoir. Il y avait vingt ans au moins qu’il n’avait vu d’or.

Il fallut, pour qu’il se crût l’heureux propriétaire d’un pareil trésor, que Balsamo le lui prît dans la main et le lui glissât lui-même dans la poche. Il salua jusqu’à terre, et se retirait à reculons, lorsque Balsamo l’arrêta.

— Quelles sont le matin les habitudes du château ? demanda-t-il.

— Monsieur de Taverney reste tard au lit, monsieur ; mais mademoiselle Andrée se lève toujours de bonne heure.

— À quelle heure ?

— Mais vers six heures.

— Qui couche au-dessus de cette chambre ?

— Moi, monsieur.

— Et au-dessous ?

— Personne. C’est le vestibule qui donne sous cette chambre.

— Bien, merci, mon ami ; laissez-moi maintenant.

— Bonsoir, monsieur.

— Bonsoir. À propos, veillez à ce que ma voiture soit en sûreté.

— Oh ! monsieur peut être tranquille.

— Si vous y entendiez quelque bruit, ou si vous y aperceviez de la lumière, ne vous effrayez pas. Elle est habitée par un vieux serviteur impotent que je mène avec moi, et qui habite le fond du carrosse. Recommandez à monsieur Gilbert de ne pas le troubler ; dites-lui aussi, je vous prie, qu’il ne s’éloigne pas demain matin avant que je lui aie parlé. Retiendrez-vous bien tout cela, mon ami ?

— Oh ! oui certes ; mais monsieur nous quitterait-il si tôt ?

— C’est selon, dit Balsamo avec un sourire. Cependant, pour bien faire, il faudrait que je fusse à Bar-le-Duc demain soir.

La Brie poussa un soupir de résignation, jeta un dernier coup d’œil au lit, et approcha la bougie du foyer pour donner un peu de chaleur à cette grande chambre humide, en brûlant tous les papiers à défaut de bois.