Page:Dumas - Histoire d’un casse-noisette, 1844.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la faim. Cette enfant, sans penser un seul instant à autre chose qu’à la détresse de Carl mourant d’inanition, avait volontairement et avec joie sacrifié son déjeuner. — Souviens-toi de cela, Carl ! — Il s’en souvint, en effet, lorsque, ranimé, il se remit en route, le cœur pénétré de l’exemple qu’il avait reçu.

Il y avait encore un bien long et bien fatigant bout de chemin entre lui et sa maison… Sa maison ! ah ! le cœur lui manquait quand il se rappelait que ce n’était plus sa maison ; elle appartenait à son ami et à sa sœur, qu’il avait l’un et l’autre traités avec un si froid égoïsme jusqu’au dernier moment de leur séparation, alors que sa tête était remplie du mirage des promesses dorées de l’artificieux gnome, alors qu’il s’imaginait posséder bientôt des richesses immenses, alors enfin qu’il s’efforçait de mettre, par sa conduite, entre eux et lui, une assez grande distance pour qu’il ne put être question de rien partager