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moins sensible aux compliments qu’on lui faisait sur la dignité avec laquelle elle portait le sceptre et la couronne, que sur l’habileté avec laquelle elle faisait un pouding ou confectionnait un baba. Elle se contenta donc de faire une gracieuse révérence à son époux, en lui disant qu’elle était sa servante pour lui faire du boudin, comme pour toute autre chose.

Aussitôt le grand trésorier dut livrer aux cuisines royales le chaudron gigantesque en vermeil et les grandes casseroles d’argent destinés à faire le boudin et les saucisses. On alluma un immense feu de bois de sandal. La reine mit son tablier de cuisine de damas blanc, et bientôt les plus doux parfums s’échappèrent du chaudron. Cette délicieuse odeur se répandit aussitôt dans les corridors, pénétra rapidement dans toutes les chambres, et parvint enfin jusqu’à la salle du trône, où le roi tenait son conseil. Le roi était fin gourmet ; aussi cette odeur lui fit-elle une vive impression de plaisir. Cependant, comme c’était