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ASCANIO.

charmant cavalier, et qui pourrait poser pour l’Endymion, je vous jure !

— Eh bien ! après ? reprit le roi, dont les sourcils se contractèrent au soupçon qui vint tout à coup lui mordre le cœur.

Pour cette fois, il était évident que, malgré tout son pouvoir sur elle-même, madame d’Etampes était au supplice. D’abord, elle lisait dans les yeux de Diane de Poitiers une curiosité perfide, et puis elle n’ignorait pas que si François Ier eût pardonné peut-être la trahison envers le roi, il ne pardonnerait certainement pas une infidélité envers l’amant. Cependant, comme s’il ne remarquait pas son angoisse, Benvenuto poursuivit :

— Je pensais donc à la beauté de mon Ascanio et je songeais, — pardon, mesdames, pour ce que cette pensée peut avoir d’impertinent pour des Français, mais je suis fait aux façons de nos princesses italiennes, qui, en amour, il faut le dire, sont de bien faibles mortelles ; — je pensais donc qu’un sentiment auquel l’art était étranger…

— Maître, dit François Ier en fronçant les sourcils, songez à ce que vous allez dire.

— Aussi me suis-je excusé d’avance de ma témérité, et ai-je demandé à garder le silence.

— J’en suis témoin, dit Diane, c’est vous qui lui avez commandé de parler, sire ; et maintenant qu’il a commencé…

— Il est toujours temps de s’arrêter, dit la duchesse d’Etampes, quand on sait que ce que l’on va dire est un mensonge.

— Je m’arrêterai si vous le voulez, madame, reprit Ben-