croire aveuglément ? Mais, me dit-on, ils ont été faits aux yeux de tout le peuple. Qui nous le dit ? Ce même Moïse ; et je ne veux pour le convaincre d’imposture, que lui-même, et que le récit naïf qu’il nous fait des infidélités continuelles de ce même peuple, qui, sans doute, n’auroit pas été assez aveugle et assez obstiné pour résister à des signes aussi visibles de la volonté de Dieu. Mais, ajoute-t-on, Dieu endurcissoit leur cœur, et les rendoit sourds à sa voix. Peut-on, sans horreur, entendre un pareil discours ? Quoi ! Dieu choisit dans tout l’univers un peuple auquel il veut donner des marques particulières de sa bonté, il interrompt pour lui à chaque instant l’ordre de la nature, par les miracles les plus éclatans, et en même temps il le force à une ingratitude involontaire, en endurcissant son cœur, et éteignant jusqu’aux moindres lumières de son esprit ! C’est en vérité, donner à la divinité les sentimens du plus méchant et du plus extravagant de tous les hommes. Qui est-ce donc qui nous force à recourir à un si étrange paradoxe ? Un anonyme qui nous raconte des faits extravagans.
Les miracles de Josué sont-ils plus dignes de foi ? Les murs de Jéricho[1] renversés par le son des trompettes, le soleil[2] arrêté au milieu de sa course, ce sont des événemens dignes de l’attention de tous les hommes ; mais si nous ne les apprenons que par l’auteur inconnu du livre de Josué, si même nous n’avons ce livre que