Page:Dumarsais - Œuvres, t7, 1797.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ignorance ont rendu plus épaisses encore que l’éloignement des temps ; examinons en détail les plus fameuses prophéties, et attachons-nous particulièrement à celles qui portent les caractères les plus marqués d’évidence et de divinité.

Des Prophéties.

Commençons par ce principe de doute et d’incertitude qui s’élève sur tous les livres de l’ancien testament, et que personne ne peut contester. La langue hébraïque s’écrivoit autrefois sans voyelles, il n’y avoit que les seules consonnes, et c’étoit la tradition et l’usage qui apprenoit comment il falloit placer les voyelles pour la lire et la prononcer. Cela est si vrai, que les anciens manuscrits de la Bible sont écrits sans points ; c’est-à-dire, sans voyelles, et que plusieurs exemplaires imprimés sont dans le même cas ; témoins ceux dont les juifs se servent aujourd’hui dans les synagogues. On connoît facilement combien cela peut produire de différences et de variations entre le sens dans lequel les livres ont été écrits et celui dans lequel nous les lisons. Les Juifs, différant de nous à cet égard dans plusieurs passages, nous accusent hautement d’en avoir changé et corrompu le sens ; mais je ne ferai point usage de cet argument, qui demande une parfaite connoissance de la langue hébraïque. D’ailleurs on n’a pas besoin d’y recourir pour découvrir la fausseté et la supposition de ces prophéties dont on nous veut faire accroire que la religion chrétienne tire de si grands avantages.