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la divinité, et l’offre de nouveau à son père en sacrifice. On croira peut-être que ce sacrifice est seulement typique et figuré ; non, il est réel ; ce pain est effectivement Dieu, et ce Dieu meurt réellement pour obtenir de son père, qui est la même chose que lui, la guérison d’une misérable créature. Que devient ensuite ce corps divin ? Le même prêtre le mange, et il se fait par jour un million de pareils sacrifices.

La raison se révolte quand on examine de sang froid de telles impiétés. Jamais la plus grossière idolâtrie n’a rien imaginé de si indigne de la divinité ; leurs simulacres n’étoient du moins que les images d’un Dieu qu’ils adoroient dans le ciel ; mais chez les chrétiens, le morceau de pain est Dieu lui-même ; et ce n’est que par le fer et le feu qu’on doit en convaincre ceux qui ont la témérité d’en douter.

Voilà un portrait naïf et fidèle de la religion chrétienne. Mais on a beau en sentir le ridicule, l’homme, industrieux à se tromper, met tout en usage pour résister à la raison, et ne lui point sacrifier des préjugés et une opinion à laquelle il est accoutumé dès l’enfance ; il se dit à lui-même que ces mystères inconcevables sont annoncés par des prophéties claires et sensibles ; que l’on trouve dans ces prophéties le plan de la religion, et que c’est là une preuve incontestable de la divinité, qui ne permet plus de raisonner sur le ridicule que nous croyons trouver dans les dogmes et dans les mystères. Eh bien, forçons le dernier retranchement de la crédulité ; détruisons jusqu’à la dernière pierre de ce bâtiment fantastique ; portons le flambeau de la vérité dans ces ténèbres, que la fraude et