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raient-ils osé avancer des faits sur lesquels il étoit si facile de les convaincre de mensonge, et n’auroient-ils pas craint de ruiner leur cause, en affirmant des choses dont on pouvoit démontrer la fausseté ? Il y a deux réponses à cette objection : 1°. Il ne faut pas croire que les relations de la vie de Jésus-Christ, fussent alors aussi publiques qu’elles le sont devenues depuis, lorsqu’elles ont commencé à former la base de la religion chrétienne ; c’étoit des mémoires qui se lisoient dans les assemblées des premiers sectateurs ; on les copioit, on les réformoit, on y changeoit, on y retouchoit même en entier ceux qui s’éloignoient trop grossièrement des autres ; en sorte que ce n’est qu’après bien des corrections, que les évangiles sont parvenus dans l’état où ils sont ; il sembleroit du moins que nous représentant toute la vie d’un même homme, ils doivent être entièrement conformes les uns aux autres ; bien loin de cela, ces différentes relations ont si peu d’exactitude, que dans les faits les plus positifs, elles ne s’accordent point. Nous verrons dans la suite plusieurs exemples très-singuliers de ces sortes de contradictions.

La seconde réponse est que sitôt que ces ouvrages commencèrent à être connus, plusieurs savans les combattirent. L’ardeur industrieuse des chrétiens ne négligea rien pour supprimer les écrits de leurs adversaires ; et à peine savons-nous aujourd’hui les noms de ceux qui se sont opposés à l’établissement du christianisme ; nous ne les connoissons presque que par les écrits des chrétiens qui avoient entrepris de leur répondre, et qui ne nous ont