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BRANCADOR.

Es-tu assez vengée ?[1]

FIAMETTA.

Est-elle assez punie ?

BRANCADOR, l’embrassant.

Encore une fois !

FIAMETTA, tendant le cou.

Encore deux !

BRANCADOR, sur le point de l’embrasser et s’arrêtant.

Pourtant… je fais une réflexion…

FIAMETTA.

Ah bah !… déjà !

BRANCADOR.

Mets-toi à ma place, Fiametta… si on t’avait donné en mariage… une douce colombe… qui n’aurait eu jusqu’à ce jour d’autre passion que celle des souris blanches !… qu’est-ce que tu dirais de la voir tout à coup se métamorphoser en dragon pour faire danser des carabiniers ?

FIAMETTA.

Eh ben !… et vous, si votre homme avait fait le câlin pendant huit jours, pour vous offrir, le neuvième, un manche de râteau !… qu’est-ce que vous diriez ?

BRANCADOR.

Je dirais, Fiametta, que ce n’est pas ordinaire… quoiqu’on en ait vu des exemples.

FIAMETTA.

Au fait… il doit y avoir quelque chose là-dessous !

BRANCADOR.

S’il y avait encore des fées, comme autrefois… je dirais : eh bien… les fées étant des êtres surnaturels, tout s’expliquerait naturellement… mais cette institution a été abolie…

FIAMETTA, tout à coup.

Ah ! mon Dieu !… si c’était !…

BRANCADOR.

Quoi ?

FIAMETTA, plus bas.

Si c’était le diable !

BRANCADOR.

Enfant ! je pardonne cette supposition à ton intelligence bornée… Si tu avais la moindre teinture de philosophie, tu saurais que le diable est un mythe, un pur mythe… que le diable n’a jamais fonctionné que dans les contes de nourrices…


Scène XII.

Les Mêmes, BELPHÉGOR.[2]
BELPHÉGOR, paraissant tout à coup dans le bosquet.

Tu crois ?

  1. Br., F.
  2. Br., Bel., F.