Page:Dumanoir - Belphégor, vaudeville fantastique, 1851.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FIAMETTA.

Non, non, non !… pas avant que tu m’aies demandé pardon. (À elle-même.) Et encore, il n’y a pas de danger que je lui pardonne… ça se dit, mais ça ne se fait jamais… et la première occasion de vengeance qui me tombera sous la main, je la saisis les yeux fermés.

BRANCADOR, entrant la figure en extase.

Ô candeur enfantine !…[1] ô naïveté… presque bête !… Elle ne sait pas même jouer au corbillon !… Je lui ai demandé qu’y met-on ?… elle m’a répondu : un chardonneret !… Je trouve ce non-sens délicieux… et elle ne m’a pas permis de demeurer dans sa chambre, pendant que sa camériste la délaçait !… Elle m’a refusé ce… délassement… mais je lui ai fait promettre de venir me rejoindre près de ce bocage touffu, qui peut avoir son utilité…[2] c’est là que je compte lui offrir gracieusement… (Il se rencontre avec Fiametta.) Qui est là ?

FIAMETTA.

Monsieur le marquis !

BRANCADOR.

Ah ! c’est toi, petite… Que cherches-tu ?

FIAMETTA.

Monseigneur, je cherche une vengeance.

BRANCADOR.

Ah ! je n’en, tiens pas… Dans ce moment, je suis en proie aux idées les plus roses !… Et contre qui, cette vengeance ?

FIAMETTA.

Contre mon mari, monseigneur !

BRANCADOR.

Contre Pépito ?… et que t’a-t-il fait Pépito ?

FIAMETTA.

Il m’a dit que j’étais laide.

BRANCADOR.

Tiens ! tiens !…

FIAMETTA.

Est-ce que c’est vrai, monseigneur ?

BRANCADOR.

Je ne sais pas, je ne puis pas apprécier… tu conçois, j’attends ma femme.[3]

FIAMETTA, montrant son cou.

Il m’a dit que j’avais la peau noire.

BRANCADOR.

Ah ! c’est possible… pourtant, au premier coup d’œil, on dirait que non… mais je ne vérifie pas, tu conçois, j’attends ma femme.[4]

FIAMETTA.

Et il m’a dit que j’avais les yeux petits.

  1. F. au deuxième plan, Br.
  2. Br., F.
  3. F., Br.
  4. Br., F.