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PÉPITO.

C’est à la femme de servir le mari…

FIAMETTA, en versant.

Ah ! bois à ma santé.

PÉPITO.

Tu as raison… (Buvant.) À ma santé !

FIAMETTA.

À présent, à celle du papa.

PÉPITO, posant son verre.

Du papa !… ah ! non…

FIAMETTA.

Comment ?

PÉPITO.

Ça serait contraire à mes intérêts… Tu vas comprendre ça… Puisqu’il n’a mis que quatre cents ducats dans le contrat… et que je n’aurai le reste qu’après lui… je ne peux pas boire à sa perpétuité.

FIAMETTA, étonnée.

Mais ce contrat, tu ne l’as pas lu en le signant, le jour du mariage ?

PÉPITO.

Non, c’est vrai, je ne l’ai pas lu.

FIAMETTA.

Eh bien ?

PÉPITO.

Parce que je l’avais lu la veille… ça se lit la veille, ces choses-là…[1] même que j’ai eu une querelle avec ton vénérable père, qui marchandait pour quelques carlins… C’est un Vieux filou que ton père… vénérable, mais filou.

FIAMETTA.

Ah ! l’horreur !… c’est donc pour ma dot que vous m’avez épousée, monsieur !… vous qui me disiez que c’était pour mes beaux yeux !… qu’ils étaient si grands !…

PÉPITO.

Les ducats sont plus grands encore.

FIAMETTA.

Que ma peau était si blanche !…

PÉPITO.

Ça n’approche pas de la blancheur des ducats.

FIAMETTA.

Ah ! mais, c’est affreux !… c’est… (Partant d’un éclat de rire.) Ha ! ha ! ha !… moi, qui m’y laissais encore prendre !… C’est pour rire, n’est-ce pas ?…

PÉPITO, qui s’est levé, l’embrassant.

Parbleu !…

FIAMETTA.

Ah !… à la bonne heure !… j’en étais sûre.

  1. F., P.