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LA VILLE SANS FEMMES

chalant. Son visage très expressif s’animait de grands yeux gris rieurs, qui avaient toujours l’air un peu moqueurs. Par tout le monde, il était considéré comme un Canadien. Et, en effet, le 10 juin, il y eut quelques flottements à son égard. Allait-on le renvoyer en Italie, avec le corps diplomatique, le laisser libre ou l’interner ? Finalement cette troisième solution prévalut. La vie au camp lui semblait dure. Il n’aimait pas les Allemands et souffrait de les voir impératifs comme des maîtres.

— Vois-tu, me disait-il, je ne suis pas malheureux, mais je souffre d’être privé de liberté pendant les dernières années de ma vie… J’endure mal toutes ces petites restrictions qui nous sont imposées. En faisant valoir ma qualité de vice-consul, je peux obtenir d’être échangé avec les diplomates restés sur le continent. Aux environs de Turin, je possède une petite maison, où je vivrai tranquille, où je laisserai passer les événements dans le calme le plus absolu. Et puis je reviendrai, quand la guerre sera finie.

Il se démena si bien qu’il fut exaucé. En juin 1942, il partit à bord du « Gripsholm » fier et content. Il quitta ce qu’il croyait être un purgatoire pour tomber dans l’enfer d’une Italie vaincue, déchirée par la guerre civile et finit dans une région complètement dominée par les Allemands. Qu’est-il devenu dans la tourmente ? On l’ignore.

Naturellement, quand je parle des médecins internés qui assuraient le service médical, il faut s’entendre aussi. La responsabilité de ce service appartenait naturellement aux médecins militaires, les Medical Officers, ou M. O. comme on les appelait plus simplement. Les médecins internés