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LA VILLE SANS FEMMES

veiller, pendant le voyage, aux malades dont aucun, heureusement, n’est dans un état grave. Ils sont du reste peu nombreux. D’ailleurs, les médecins restés avec nous sont bien peu nombreux : quatre en tout, auxquels s’ajoute le chirurgien-dentiste canadien-français.

La journée est magnifique. À neuf heures, nous sommes tous dans le train, la locomotive siffle et le train s’ébranle. Nous jetons un dernier coup d’œil sur ce coin de forêt où nous laissons deux années de notre vie.

Années perdues ? Non ! Nous y avons appris la dure et amère leçon de la vie, la seule qui conduise à la méditation profitable.

Le convoi se met en marche pour ne s’arrêter que le lendemain matin à la même heure. Pour le moment, le train file… file… à travers la campagne, les villages et les villes que nous revoyons avec une joie et une curiosité intense. L’après-midi, tout le monde somnole, lorsque, vers le crépuscule, ceux d’entre nous qui vivent à Montréal ont un moment d’émotion intense.

Le train côtoie la métropole. Elle s’étale devant nos yeux, avec sa bordure de vert et ses grandes taches blanches, comme un éventail déployé. Nous longeons les routes toutes proches de la grande ville, sillonnées d’autos remplies de gens… Je regarde autour de moi. Je surprends des hommes, les yeux collés aux fenêtres des portières, le visage contracté par l’émotion.

Au cours du voyage, on nous sert des repas chauds excellents.