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LA VILLE SANS FEMMES

journaux que nous étions autorisés à recevoir. Ensuite, il y avait un petit bouquet de nouvelles locales, permettant, même à ceux qui menaient, si l’on peut dire, une vie retirée, de se tenir au courant des événements les plus importants de la petite ville. Ce qui me frappait le plus, dans ce Bulletin, c’était la rubrique de la fin intitulée Départs et arrivées. Cela vous avait un petit air de ville d’eau ou de station thermale et jetait sur notre établissement une sorte de couleur mondaine qui était loin de déplaire. Dans cette partie de sa publication, le directeur du Bulletin notait scrupuleusement chaque jour les noms de ceux qui partaient et de ceux qui arrivaient.

En fait d’arrivées, il y eut d’abord la nôtre, restée profondément gravée dans nos mémoires. Pendant plusieurs mois, il y eut quelques rares départs, mais des nouveaux venus arrivaient continuellement, soit par groupes soit isolément, de tous les côtés et de toutes les races. Puis, d’un coup, deux cents Allemands qui résidaient dans notre petite ville avant nous sont partis très loin vers l’Ouest. L’année suivante, par contre, nous eûmes l’arrivée massive d’un certain nombre d’Allemands et d’Italiens venus de l’Ouest, arrivée qui provoqua des remue-ménages, des changements de baraques, des réajustements, des réadaptations, etc.

Au cours de l’hiver 1941-1942, des bruits commencèrent à circuler dans le camp. Ceux qui sortaient fréquemment pour travailler et étaient en relations avec les officiers ou les soldats du dehors, disaient :