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LA VILLE SANS FEMMES

avec des instruments pointus le bois et le fer en produisant des crissements à faire sursauter les nerfs. Car depuis le début de notre internement beaucoup d’artisans, auxquels se sont joints beaucoup d’amateurs qui ont vite fait des progrès, se sont mis à fabriquer des « souvenirs », objets divers façonnés surtout dans le bois, qui est à la portée de la main ici.

On fabrique ainsi toutes sortes d’objets : des boîtes, des porte-plumes, des cuillers, des potiches, des statuettes, des bijoux, tels des bracelets et des bagues, des bateaux qui sont de véritables petits chefs-d’œuvre, etc. Ces objets constituent la base d’un commerce très florissant, car deux ou trois fois par an, ils sont exposés dans une sorte de Salon et mis en vente.

On trouve des acheteurs non seulement parmi les camarades mais aussi parmi les soldats et les officiers de la garde du camp. Ensuite, une fois le salon fermé, les internés sont autorisés à expédier chez eux ou à des amis des colis contenant des « souvenirs »… C’est surtout à la veille de Noël et de Pâques que ces envois ont lieu.

Les Canadiens français, sous la conduite de leur « major », qui a démontré en cela un vrai talent d’organisation — produisent de ces souvenirs sur une très grande échelle. Pour faciliter le travail, ils ont construit, avec les roues de multiplication et le pédalier d’une bicyclette, un tour actionné par les pieds qui est une merveille d’ingéniosité.