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LA VILLE SANS FEMMES

bas de la page on voyait, en effet, des lignes rouges aux contours sinueux.

— Voulez-vous m’expliquer ce que cela signifie ? demanda le colonel.

Notre jeune ami prit la feuille. Après un rapide coup d’œil, ses joues s’empourprèrent de joie. D’une voix tremblante d’émotion, il répondit :

— Ce dessin, mon commandant, c’est tout simplement l’empreinte des lèvres de ma femme qui a voulu m’envoyer un baiser plus marqué que les autres…

Le colonel reprit la feuille. Puis il lança un grand éclat de rire.

C’étaient bien les lèvres de la jeune femme amoureuse de son mari qui avaient laissé sur le papier la forme d’un cœur saignant. Mais, comme la pression n’avait pas été assez forte, cela pouvait ressembler, au premier coup d’œil, à un dessin.

Et voici l’autre fait.

Un jeune marin, qui n’était pas italien, un jeune homme habile et adroit, était parvenu à se trouver une marraine dans la personne d’une charmante jeune fille anglaise. Après quelques lettres banales, la correspondance, appuyée par un échange de photographies, tourna vers le tendre. Le marin, qui avait l’ardeur d’un chérubin et une sensibilité byronienne, ne parvenait pas à traduire en un anglais possible le trop plein de ses sentiments. Il eut alors recours aux services d’un interné qui avait précisément, lui, un penchant particulier pour le genre épistolaire. Ce dernier se borna d’abord à met-