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MARMITES ET MARMITONS

certes, que leur activité passée les prédisposait de façon particulière à devenir des cordons bleus.

Les quelques right men in the right place sont, d’une part, le boulanger, qui était un bon boulanger à Sydney, et le pâtissier assez adroit pour obscurcir la gloire de Ragueneau car il est vraiment grand dans son art malgré sa petite taille — il était à la tête de la pâtisserie du premier magasin de la métropole — et, d’autre part, les trois hommes chargés du dépeçage des quartiers de bœuf.

L’un de ces derniers est un boucher allemand de Toronto — figure rose, lunettes d’écaille, allure feutrée — qui ressemble à un diplomate. Les deux autres sont des commerçants très connus de Montréal. Le premier, ancien aviateur, a établi une florissante fabrique de saucisse et le second possède une importante boucherie et biscuiterie dans le haut de la ville. Tous deux sont originaires du Piémont et ils ont gardé de leur région natale les plus belles caractéristiques : la gaîté, un bon cœur et la joie de vivre.

Un interné dont le rôle est ici singulièrement différent de celui qu’il jouait dans la vie civile, c’est un brave homme qui vendait de la bière à Hamilton et qui, maintenant, prépare le thé et le café au lait, les deux seules boissons servies et auquel on attribue, grâce à l’adjonction d’une poudre magique, des effets… comment dire ?… à l’opposé de ceux qu’on prête à la bière, laquelle passe pour un aphrodisiaque. Il est vrai que le brave homme affirme tout ignorer de cette histoire. Et comme