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Dis-moi ce que tu manges et je te dirai ce que tu es, proclamait l’aphorisme du conseiller à la cour de cassation Brillat Savarin dont la renommée de physiologiste du goût se perpétue dans le temps bien plus que sa réputation de jurisconsulte. Et le « sieur de Bellay » n’avait pas tout à fait tort.

Je m’en suis rendu compte, du reste, à mon retour de la ville sans femmes quand mes amis, en me revoyant, me posèrent tous en premier lieu la même question :

— Et… « là-bas »… mangiez-vous à votre faim ?

Oui nous mangions à notre faim et même très bien, si l’on tient compte de tout. La ration réglementaire pour chaque interné était pour le pain, la viande, le sucre, le lait, le café, les œufs, et la marmelade exactement la même que celle de l’armée.

Nous complétions cet « ordinaire » par les achats faits avec les bénéfices de la cantine du camp qui étaient loin d’être négligeables.

Tout ceci mérite sans doute quelques mots d’éclaircissements. D’abord au sujet de la cantine, ensuite sur l’organisation de notre cuisine.