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LA VILLE SANS FEMMES


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Que de souvenirs, d’épisodes tristes ou gais, d’anecdotes se sont accumulés durant les deux années que j’ai « géré » le petit hôpital du premier camp où j’ai séjourné.

Je note au hasard.

En plein hiver, nous avons eu une épidémie de grippe. Plus de deux cent cinquante cas. Heureusement, la maladie était bénigne et, comme aucune mesure de précaution ne fut négligée, on put enrayer le mal en moins d’une semaine grâce au dévouement infatigable et à l’esprit de sacrifice de tous les médecins internés.

Plusieurs cas graves ont nécessité des interventions chirurgicales impossibles à l’hôpital de notre petite ville et qui furent effectuées à l’hôpital d’un grand camp militaire situé à une quinzaine de milles de distance. Il y a eu des interventions pour appendicites, hernies, ulcères à l’estomac, et, vraiment, l’œuvre des chirurgiens militaires fut parfaite.

La première année, on ajouta une annexe à notre hôpital. La deuxième année, ce fut une baraque entière que nous nommions « Les Invalides » parce qu’elle abritait surtout les vieux, les malades souffrant de maux chroniques et, de façon générale, ceux qui étaient physiquement très faibles. L’annexe abritait les malades souffrant de maladies contagieuses, mais on finit par soigner tous les patients à l’hôpital même et elle fut supprimée.

Au point de vue psychologique, l’hôpital exerçait une curieuse attraction sur les internés. Comme un certain nom-