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— Oh ! Madame, y pensez-vous !… Mais il ne veut pas en entendre parler ! Il m’affirme que si je suis assez maladroite pour laisser… grandir… la chose… il me mettra dans son cœur au rang des filles qu’il méprise.

— Qu’est-ce que cela peut faire ? Ne voyez-vous pas que c’est un truc d’avare ? Mais il est classique, ma petite ! Quand un viveur se blottit dans l’égoïsme du célibat, il devient économe de ses deniers et de ses ardeurs. Alors, il déniche parfois une violette comme vous, la cueille et la respire avec une discrétion… qui ne peut tromper que l’ignorance de la fleur.

— Oh ! non, Madame, vous faites erreur ! S’il cache ses relations avec moi, c’est pour sauver mon honneur et s’il aime mon désintéressement, c’est que l’argent est la tare de l’amour.

— Vous êtes complète !… Voyons, dites-moi… Puisque votre cœur est si joli, pourquoi n’avez-vous pas le courage de votre faute ? C’est si bon d’avoir un gosse à soi qui s’accroche à vos jupes, cherche votre main. Cela dort si mystérieusement, les anges au berceau ; et puis, plus tard…

— Ne dites pas… ne dites pas… Si vous saviez comme je regretterai toutes les douceurs de la maternité, comme je les ai déjà évoquées. Depuis que je suis enceinte, je souris à tous les bambins ; leur peau m’est une caresse plus douce aux lèvres que le baiser même de mon ami. Mais que voulez-