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— Ah ! bah !… elle est imprudente et dangereuse la cuisinière.

— Écoutez-moi, Madame, supplia Sylvia, les mains jointes. Écoutez-moi et sauvez-moi. Si ma honte s’étale, je suis réduite à la misère ; ma mère me maudira parce que mon honneur est l’axe de son bien-être, et mon enfant lui-même…

— Votre enfant… vous ne l’aimez pas un peu déjà ?

— Oh ! si, je l’aimerais. Comment voulez-vous que je ne l’aime pas, puisque j’adore son père ?

— Lui ? qu’est-ce qu’il en dit ?

— Oh ! lui… c’est ma déception, car il est célibataire, riche et quadragénaire. Il m’a séduite par la douceur de ses paroles et le respect de ses manières. Il prétendait que j’étais la seule femme dont la possession lui était douce, parce que nulle question d’intérêt n’entachait nos relations. Depuis un an que dure notre intimité, je n’ai jamais, en effet, accepté un centime.

— Poire savoureuse, railla Rhœa.

— Mais non, Madame ; je l’aime et cela me suffit. D’ailleurs c’est un homme qui a eu beaucoup de bonnes fortunes. Il a mangé deux héritages avec la baronne X… et il prétend que Liane de Sancy lui a croqué plus d’un million. Heureusement que son oncle du Béarn est mort fort à propos.

— Alors… s’il peut payer… Faites-lui reconnaître une somme…