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— Plaisanterie ! Nombreux sont en temps de paix les mariages célébrés entre unités de races différentes et les enfants qui en sont issus, nul ne s’avise de les appeler « bâtards », ils n’encourent aucun anathème. Si la race a des exigences si légitimes, que ne se montre-t-on réprobateur lorsqu’il y a consentement réfléchi ! Non, mille fois non ! Pour ces « indésirés » il ne faut user ni de rigueur ni d’exception. Séduite ou violentée, la mère a charge d’âme et de corps, et puisque la Vie n’a cure ni d’amour, ni de haine, puisqu’elle se contente d’un geste inconscient, c’est que l’enfant a surtout besoin pour éclore de l’acceptation maternelle. La nature ne forcerait pas un peu notre volonté, si nos hésitations n’étaient pas coupables. Quant au sauvageon semé par la rafale, il faut avoir vécu dans l’atmosphère de sang, de peur, de feu et d’alcool que surchauffent les combats pour admettre que l’idée de souillure peut être écartée.

— Vous ne vous êtes pas sentie souillée par cet assassin ? dit madame Lartineau, déconcertée.

— Oui, tout d’abord. Mais quand m’est apparu la miniature d’homme que j’avais enrichie de toutes les forces de mon sang, je n’ai plus senti monter à mon front la honte d’une rougeur. Regardez Christian, mesdames… Cette souillure que la nature ne retient pas, — puisqu’elle donne à