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nul ne peut traduire le mélange de respect et d’affection que lui vouaient ses fils.

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Le mois de juillet 1914 trouva M. Lartineau lieutenant-colonel à Compiègne. Les petits héritages qui leur étaient échus leur permettaient de supporter les frais d’un pied-à-terre à Paris, et d’une installation à Compiègne. Ils possédaient encore une propriété dans l’Eure ; et cet éparpillement de résidences favorisait les aventures amoureuses de l’officier. Pendant que sa femme occupait ses loisirs aux œuvres de prévoyance, comme la Croix-Rouge, lui, ronronnait autour des Belles hospitalières et leur disait entre deux phrases galantes :

— Ma femme ? C’est une sainte ; mais, si j’en juge par elle, le ciel ne doit pas être très amusant. J’aime mieux aller au diable avec vous.

On ne l’entraînait plus beaucoup d’ailleurs dans l’enfer de voluptés qu’il cherchait. Plus souvent, on l’amenait tout près d’une nacelle, il payait son passage pour Cythère, et, soudain, la barque fuyait vigoureusement poussée par l’aviron d’un jeune gondolier. Il rentrait penaud et bourru ; le mécompte irritait son vieux foie de colonial intermittent ; Madame Lartineau mettait au menu, sans reproches, l’eau de Vichy et les purées rafraîchissantes.

Quelques jours avant la mobilisation, le soldat avait dressé l’oreille. Cela sentait la poudre. Il entra