l’admettre — en ayant soin de bien marquer qu’on la subissait — et la plus déplorable réputation fut faite à sa générosité. Pourtant, il n’y eut pas d’embusquées parmi ces bonnes samaritaines.
Les quarante ans de Sylvia Maingaud Bertol étaient une véritable splendeur. Le bonheur avait épanoui sa beauté sans que l’âge ternît la blancheur de ses dents ; l’embonpoint qui rendait ses formes dodues les laissaient fines et élégantes. Quelques fils d’argent aux tempes reculaient à peine la ligne de son front, et, tout de suite, elle fut adorée de ses blessés. Elle savait tout entendre et ne répondre qu’aux jolies paroles ; amie des mères désolées et des fils résignés, elle devint l’idole de sa division. Ah ! comme elle les aimait tous ces pauvres héros victimes de la théorie du panache : mais, que de belles histoires ils lui contaient en revanche, au crépuscule !
En septembre 1914, on ménageait à ce point les nerfs des non-combattants, que les trains de blessés étaient garés aux stations, et qu’on ne les déchargeait que la nuit. Dans le silence des rues de province, les autos grises filaient à toute vitesse sans déranger les rêves des citadins, et les portes des hôpitaux se refermaient enfin sur des misères indescriptibles. Un matin — quand elle arriva pour les pansements — on lui désigna un des nouveaux