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ils toutes les caves, même celles des pays environ­nants, car celles d’Ostel étaient à sec depuis l’au­tomne. Naturellement, la louve payait ses déborde­ments par des souffrances qui n’adoucissaient pas son humeur déjà brutale.

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Mars commençait à violacer les branches ; et les bourgeons naissants hérissaient les arbres d’un trait d’ombre où le vert et le mauve se disputaient la préséance. Quelques ailes d’insectes s’essayaient au soleil, et des hirondelles cherchaient en vain cer­tains nids de l’année précédente. Quelque chose de mystérieux et d’insinuant pénétrait les hommes, et provoquait ces douleurs et ce bien-être indéfinis­sables qui précèdent le printemps. L’état de santé de Jeanne Deckes subissait — comme tout le monde — cette irrésistible poussée de la nature, et cela avait déterminé chez elle une grippe assez rebelle. Elle s’était résolue à garder la chambre quand elle fut appelée chez von Reiterhardt.

— Impossible, répondit-elle, je suis malade moi-même.

Deux heures plus tard, elle reçut un second ordre :

— Impossible ! fit-elle dire de nouveau.

Le soleil baissait à l’horizon quand un planton se présenta, tenace et indiscret.

— Le hauptmann demande ce que vous avez ?