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Horriblement froissée par la forme de ce billet elle eut le tort de riposter.

« Fritz, je n’ai rien à me mettre. Votre dernier corsage est manqué. Ne comptez pas sur moi. »

Baronne de l’Écluse.

L’effet ne se fit pas attendre ; et ce fut le caporal assassin qui lui remit un nouveau pli. Ce messager ne pouvait être porteur d’une bonne nouvelle. Voici ce que contenait l’enveloppe officiellement timbrée :

— « Si mon ordre n’est point exécuté, Antoinette Breton — dite de l’Écluse — sera emprisonnée et comprise ensuite dans les otages qui partiront pour l’Allemagne le trois janvier 1915 ».

Von Keller.

Il fallut céder, et le 24 décembre 1914 à dix heures du soir deux factionnaires baïonnette au fusil vinrent la chercher. Enveloppée dans un manteau sombre, elle arriva dans le salon où régnait déjà une atmosphère irrespirable. La fumée d’une vingtaine de cigares, le parfum des liqueurs — dont quelques petits verres renversés poissaient les guéridons, — la suffoquèrent. Elle fut prise d’une quinte qui révéla sa présence. Quelques officiers, très jeunes, esquissèrent un salut — par habitude — mais