Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 138 —

Lâches, vous avez peur ? J’irai, moi… je la sauverai !

Se saisissant de son réticule comme d’une arme, elle marcha menaçante vers ses auditeurs en criant de toutes ses forces :

— Cocorico !… réveille-toi, la France ! Cocorico !…

Elle dévala l’escalier, s’égosillant toujours :

— Cocorico ! cocorico !

Et, dans la rue, les Allemands qui la virent s’enfuir, méprisèrent sa folie dans un débordement d’insultes.

Quand, à six heures du soir, les rues d’Épernay se recueillirent enfin, dans le silence qui suit les suprêmes humiliations, nul ne put donner des nouvelles de l’infirmière tragique.