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II

L’ESPAGNE


Connais-tu le pays au delà des monts ?
Autrefois, dans les siècles féconds,
Régna sa force et sa merveille ;
Maintenant il sommeille
En des repos profonds
Où la souvenance seule veille.

temps ! ô splendeur ! ô effroi !
Gloire de l’épée et de la foi !
Pays d’ombre et de lumière !
Âme ténébreuse et fière.
Force où resplendissait la loi !
Orgueil qu’accompagnait la prière !

Maintenant près de l’obscur arceau
De la cathédrale effondrée au cours fuyant de l’eau.
Tandis que le soleil et l’heure nonchalante passe,
Rien ne trouble le vide de l’espace
Que le refrain du boléro
Où rêve quelque voix très lasse.