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LES PREMIERS POÈTES DU VERS LIBRE

quand il répondait « expression psychologique » à qui lui parlait « expression musicale ».



Francis Vielé-Griffin


On peut dire de Francis Vielé-Griffin qu’il est, avec Jules Laforgue, le grand poète du vers libre, chacun d’eux en représentant les deux conceptions antithétiques ; mais alors que Laforgue était arrivé à se formuler avec cette rapidité, qui est le cas des génies condamnés à une fin précoce, c’est par un persévérant et long effort, par un progrès de chaque œuvre sur la précédente que le génie de Vielé-Griffin est arrivé à son incontestable et incontestée maîtrise.

Il avait d’abord publié, sous le titre de Cueille d’avril, en 1886, et sous celui de Cygnes, en 1887, deux volumes de vers parfaitement réguliers. Dans le poème dramatique d’Ancaeus, publié en 1888, écrit lui-même en vers réguliers, les chœurs sont des vers libres, mais dans le sens classique de l’expression, c’est-à-dire des alexandrins, des vers de dix, des vers de huit syllabes, tous (à part l’exception que nous avons relevée plus haut) rigoureusement traditionnels ; il n’en est pas moins vrai qu’avec ces vers libres classiques Vielé-Griffin préludait au vers libre moderne, et la tendance