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LES PREMIERS POÈTES DU VERS LIBRE

de me détourner finalement de mon projet. Mais sous la forme « prose » de certaines parties du poème il est facile de retrouver le vers libre, — notamment dans le numéro VIII, auquel, pour quelques passages au moins, une simple modification typographique rend la forme de vers libres :

Nous sommes deux qui sont ensemble…

C’est, assez exactement, le cas du Cygne d’Albert Mockel. D’ailleurs, l’histoire de nos débuts dans le vers libre n’est pas sans analogie ; le Wyzewa de Mockel s’est appelé Fernand Séverin.

À la gloire d’Antonia parut dans la Vogue du 2-9 août 1886 ; j’étais alors à Bayreuth et les épreuves ne m’y avaient pas été envoyées, de sorte qu’une trace de l’écriture en vers libres subsista dans le texte, parmi cent coquilles et des plus cruelles ! J’avais, en effet, à la dernière page du manuscrit, négligé de recopier à la suite l’un de l’autre (pour leur donner l’apparence prose) quatre vers, dont j’avais raturé le dernier, — insuffisamment sans doute ; les typographes laissèrent à ces vers la disposition vers et les imprimèrent même en italiques (les vers se distinguant généralement de la prose, à la Vogue, comme je le disais plus haut, par l’emploi des italiques) :

Car cela est ma pensée ;
Car cela est mon œuvre ;
Car je t’ai faite et je te fais…