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labes et ceux de 13, 14 et même 15 et 16 syllabes. Verlaine en a été le promoteur ; la plupart des poètes le pratiquent plus ou moins aujourd’hui.

Le vers libre, enfin, est celui qui, poussant à l’extrême la libération, est susceptible d’un nombre de syllabes indéterminé, ne compte (selon certains) l’E muet que lorsqu’il se prononce, admet l’assonance à la place de la rime et même l’absence de toute apparence de rime, et se caractérise en ce que, semblable en cela au vers libre classique, il s’emploie le plus souvent groupé en séries de vers inégaux[1].

En somme, à considérer ainsi les choses d’une façon superficielle, le vers est régulier, libéré ou libre, selon qu’il admet ou non les règles classiques et romantiques de l’hiatus, de la césure, de la rime, etc., et surtout selon le nombre de ses syllabes.

Cette classification est celle de l’apparence ; nous disions de l’apparence superficielle ; un examen attentif de la nature du vers français nous la montre absolument insuffisante et, en fait, inacceptable.

Le vers français, comme tous les vers anciens et modernes, est constitué par la succession d’un certain nombre de petites unités qu’on appelle des

  1. Notons, toutefois, que les vers libres classiques ne sont qu’une réunion de vers réguliers inégaux et ne prennent leur qualité de vers libres qu’à la condition d’être « en nombre », tandis que le vers libre moderne possède cette qualité par lui-même et indépendamment du groupement dont il fait partie.