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posé des vers de onze et treize syllabes et des alexandrins sans césure à l’hémistiche !

Les dénominations que l’usage impose ne sont jamais adéquates ; il serait pourtant vain de vouloir les remplacer par de meilleures, comme le prétend Robert de Souza. Une dénomination est une étiquette ; elle n’est pas une définition. Acceptons donc les trois désignations que l’usage semble avoir consacrées : vers régulier, vers libéré, vers libre, et essayons d’en préciser la signification.


le vers libre


À première vue, et à ne considérer les choses que superficiellement, le vers régulier est celui qui, se conformant aux règles classiques et usant pourtant des quelques libertés introduites par les romantiques, se mesure par un nombre de syllabes réelles ne dépassant pas le chiffre de douze, avec césure à l’hémistiche dans l’alexandrin, rimes rimant pour les yeux et alternance des masculins et des féminins. Mallarmé lui est resté fidèle.

Le vers libéré est celui qui n’exige plus la césure à l’hémistiche dans l’alexandrin, admet l’hiatus et la rime pour l’oreille seule sans distinction des masculins et des féminins ni des pluriels et des singuliers, et use couramment des chiffres (peu usités dans les vers réguliers) de  9 et de  11 syl-