Bon ! Est-il désagréable. Toujours quitter les gens en route. Sous les arcades nous voici ; près les magasins ; dans la foule. Si nous marchions sur la chaussée ? trop de voitures. Ici on se pousse ; tant pis. Une femme devant nous ; grande, svelte ; oh, cette taille cambrée, ce parfum violent et ces cheveux roux luisants ; je voudrais voir son visage ; jolie elle doit être.
— « Venez avec moi ce soir au théâtre. » C’est Chavainne qui me parle. « Nous irons ensuite flâner une heure n’importe où. »
— « Je vous ai dit que j’avais un rendez-vous. »
La femme rousse s’arrête devant la vitrine ; un fort profil de rousse, oui ; une mine très éveillée ; des yeux peints de noir ; à son cou, un gros nœud blanc ; elle regarde vers nous ; elle m’a regardé ; quels yeux provoquants. Nous sommes à côté d’elle ; la superbe fille.
— « N’allons pas si vite. »
— « Votre rendez-vous n’empêche rien ; puisque vous êtes décidé à ne pas rester chez mademoiselle d’Arsay, vous viendrez pour le dernier acte ou à la sortie, ou dans un lieu quelconque, et nous ferons une promenade nocturne. »
Est-ce qu’il se moque de moi ?
— « Vous me raconterez ce que vous aurez dit à mademoiselle d’Arsay. »
Au fait, pourquoi pas ; ce soir ; en sortant de chez elle ?
— « Ça ne vous va pas ? Qu’est-ce que vous faites donc quand vous quittez votre amie ? »
— « Vous êtes stupide, vraiment, mon cher. »
Nous nous taisons ; je crois qu’il sourit ; quelle niaiserie. La place du Palais-royal. Et la jeune femme rousse, où est-elle ? disparue ; quel ennui ; je ne la vois pas. Chavainne :
— « Qu’est-ce que vous cherchez ? »